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Le retour de l’enfant prodigue?

Après on départ difficile de l’OL, l’histoire du surdoué  se termine en eau de boudin à l’OM : Ben Arfa sèche quelques entraînements pour obtenir son « bon de sortie » et filer en prêt à Newcastle.

Chez les Magpies  forcément, ses premiers pas sont prometteurs (un but  contre Everton marque les esprits), mais en octobre 2010 le mauvais sort perturbe une suite prévisible. L’oiseau de mauvaise augure  s’appelle Nigel de Jong . Le milieu hollandais de Man City, connu pour sa brutalité,  lui brise le tibia et le péroné en toute impunité. En signe de soutien, Newcastle  lève l’option d’achat. Acheté 12 millions d’euros à l’Olympique lyonnais, le joueur est revendu par l’OM pour moitié moins. Pour son retour cette saison, son manager Alan Pardew, arrivé en décembre 2010, lui accorde une confiance conditionnelle (« Il a un incroyable talent, mais il ne s’en sert pas »), pas encore un statut de titulaire. Hatem  fait bonn figure  à sa façon et inscrit deux buts exceptionnels, contre Blackburn en janvier (FA Cup) et Bolton en avril.

De quoi faire le bonheur des plates-formes de vidéo en ligne, pousser ses fans à réclamer son retour en équipe de France et susciter un nouvel emballement auprès des médias. Avec sa conduite balle soyeuse, ses brusques changements de direction et ses inspirations techniques, le joueur est sans nul doute un régal pour les yeux, mais ses lacunes persistent – même s’il semble avoir commencé à les réduire à Newcastle: taux d’échec des dribbles, replacement, absences, choix fantaisistes, insertion dans un dispositif tactique. À quoi s’ajoute l’énigme supplémentaire de son meilleur placement sur le terrain, Ben Arfa ayant navigué à tous les postes offensifs sans trouver durablement ses marques

L’étude de son temps de jeu, cette saison en championnat, indique cependant une nette montée en puissance, amorcée en début de l’année. S’il a toujours figuré sur la feuille de match depuis son retour en Premier League, le 24 septembre, il a dû attendre la septième rencontre pour être sur la pelouse au coup d’envoi, la dix-septième pour en disputer une en intégralité. Comme pour confirmer son profil intermittent, il n’affiche cette saison que 0,7 tir cadré par match (en équivalent 90 minutes, soit un tir cadré toutes les deux heures de jeu). Mais son influence est en nette augmentation ces dernières semaines, avec trois buts et autant de passes décisives en huit matches disputés comme titulaire – un état de grâce qui a peu ou prou coïncidé avec son replacement comme milieu offensif droit.

Une série de huit matches, même étendue à une bonne fin de saison, ne saurait cependant justifier  le retour de Ben Arfa, parce que ce n’est pas le premier. Des éclairs de génie, mais un manque criant de continuité dans les performances: personne ne doute des capacités techniques du joueur, ni de ce qu’il est convenu d’appeler son talent. Mais si le football actuel prise les dynamiteurs capables de faire la différence à eux seuls, encore faut-il qu’ils présentent un minimum de régularité et de capacité d’intégration dans le collectif (sur les plans tactique et humain). On ne compte plus les Denilson et autre Dalmat, les joueurs pétris d’évidentes qualités qui n’ont jamais tenu leurs promesses. La plupart parviennent quand même à enchaîner les contrats – puisqu’il se trouve longtemps des entraîneurs pour faire le pari de les relancer – mais la déception est profonde.

Ben Arfa redevient certainement éligible pour la liste des 23 pour L’Euro, et la panoplie de joker lui irait assez bien si Laurent Blanc fait ce pari, mais sa sélection n’a rien d’une évidence. Dans sa zone d’évolution actuelle, Valbuena, Rémy et Ménez ont pris de l’avance sur lui au cours de cette saison de l’équipe de France . Dans son cas, pour le voir devenir vraiment un footballeur, il vaut peut-être mieux souhaiter une progression dans la discrétion plutôt qu’un nouveau passage sur le gril des projecteurs. Avec le football, on ne sait pas avec plus de certitude comment se terminera un match que comment évoluera une carrière. Cela fait tout l’intérêt de la suite des aventures d’Hatem Ben Arfa.

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